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Depuis 2012, les biologistes disposent d’un nouvel outil : CRISPR-Cas9. Ces “ciseaux moléculaires” viennent de remporter le prix Nobel de chimie 2020. Il envisage de l’utiliser pour développer de nouveaux traitements contre les maladies auto-immunes.

La naissance de RISPR-Cas9 :

Il a été découvert grâce à des bactéries qui l’utilisent pour se défendre contre des prédateurs tels que les virus. Lorsqu’ils détectent du matériel génétique étranger, ils enregistrent certaines de ses séquences à l’aide d’un segment de leur ADN, CRISPR. Cela agit comme un guide pour une enzyme, Cas-9, qui agit comme un couteau moléculaire et coupe le virus en morceaux. L’outil CRISPR-Cas9 est dérivé de ce mécanisme. Grâce à cela, nous pouvons désormais facilement développer des guides ciblant spécifiquement chaque gène. Il est vraiment innovant.

Ce que l’on peut faire avec cette technologie :

Il peut être utilisé pour couper l’ADN à un endroit spécifique. Lorsque son ADN est sectionné, la cellule essaie de le réparer. Pour comprendre l’une des méthodes qu’il utilise, imaginez que vous vouliez réparer un tuyau qui a été coupé en deux. Vous imbriquez donc une partie dans l’autre, mais au cours du processus, vous réduisez la longueur du tuyau et en perdez une partie. La même chose se produit avec l’ADN :  lors de la réparation, nous perdons certains éléments d’un gène qui, par conséquent, ne peuvent plus « s’exprimer » normalement. Ce qui équivaut à le désactiver.

 

 

Une autre façon de faire est d’aider la cellule à restaurer la continuité de l’ADN en lui fournissant un support, une séquence génétique qui ressemble beaucoup aux deux brins d’ADN qui ont été coupés et dans lesquels elle peut facilement se glisser. Cela nous permet de corriger des mutations génétiques ponctuelles ou même d’insérer un gène entier dans l’ADN.

En effet, c’est un outil de recherche extrêmement puissant, car il peut être utilisé pour mieux comprendre la biologie des cellules humaines, questionner la fonction de nos gènes et ainsi découvrir de nouvelles propriétés des cellules humaines. C’est une vraie révolution. L’efficacité de cette méthode est également impressionnante. Fondamentalement, l’une des seules limites de cette technologie est : celle de notre imagination.

Peut-il y avoir des applications cliniques ?

Les premières applications voient déjà le jour, par exemple, dans le domaine de la drépanocytose (une forme d’anémie) ou de l’hémophilie (une anomalie de la coagulation sanguine), due à des mutations génétiques. L’objectif est d’effacer ces mutations avec des thérapies très ciblées actuellement en essais cliniques.

Une autre application est la thérapie cellulaire.

C’est une méthode qui connaît actuellement un grand développement, notamment en immunothérapie anticancéreuse. L’idée est de prélever certains de vos propres lymphocytes T qui sont des composants du système immunitaire puis, en laboratoire, de les modifier génétiquement, pour ajouter un récepteur de la tumeur ciblée. Beaucoup de ces lymphocytes modifiés sont produits et reconstitués dans votre circulation sanguine, dans l’espoir qu’ils seront en mesure de combattre les cellules tumorales beaucoup plus efficacement. Cette thérapie est déjà utilisée pour traiter les cancers du sang, avec un certain succès de nos jours.

Cette technologie nous permet de modifier les lymphocytes avec une précision moléculaire. Grâce à cela, nous pouvons remplacer les récepteurs cellulaires. On peut aussi attribuer des fonctions supraphysiologiques aux cellules. Pour lesquelles elles n’ont pas été programmées (par exemple résistance à la fatigue). Leur donnant un code génétique à la manière d’un codage informatique. Entre autres, on peut également imaginer développer des thérapies cellulaires universelles.

En réalité. L’auto-immunité est une attaque contre vous-même. En d’autres termes, lorsque vous avez une telle maladie, votre système immunitaire prend la mauvaise cible et attaque les cellules de votre corps. Pour lutter contre ce processus, il existe des lymphocytes spécifiques appelés cellules T régulatrices. En fait, nous avons deux types de lymphocytes T. Les cellules sont appelées “effecteurs”, qui luttent contre les pathogènes et dans certain cas contre leur hôte, et celles dites “régulatrices”, qui modèrent les premiers. La nature est bien faite : notre corps produit simultanément des lymphocytes T efficaces et régulateurs, pour éviter que les premiers ne dégénèrent et ne génèrent une auto-immunité.

Le projet :

Il est à noter que les lymphocytes T effecteurs qui ont échappé à la surveillance de notre corps ont en principe un récepteur spécifique. Lié à l’auto-immunité, que nous pouvons désormais identifier, séquencer et caractériser. Avec les “ciseaux moléculaires”, nous pouvons utiliser les mêmes séquences génétiques et les insérer dans des cellules T régulatrices. Ceux-ci auront donc les mêmes caractéristiques que les effecteurs, ils se connecteront aux mêmes cibles, mais auront une activité protectrice. En utilisant CRISPR-Cas9, nous pourrions donc aider les cellules du corps à lutter contre l’auto-immunité sans utiliser de médicaments. Finalement une manière plus ciblée de traiter ces maladies orphelines.

Le côté révolutionnaire de cette technologie est la facilité avec laquelle elle peut être utilisée. Il y a donc un risque qu’il soit utilisé trop rapidement, sans l’approbation des comités d’éthique et scientifiques. C’est évidemment ce qui est arrivé à ce chercheur chinois. Nous devons donc être vigilants et faire de la sécurité de nos patients une priorité. Allez aussi vite que vous le pouvez, mais aussi lentement que nécessaire.

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